Croquettes ou pâtée pour chat : comment nourrir au mieux nos amis félins ?
Au menu pour la gamelle du chat, il y a autant de choix possibles que d’avis sur le sujet. Certains ne jurent que par les recettes sans céréales, tandis que d’autres hissent haut la bannière du bio, vantent les mérites de la nourriture à base d’insectes ou plongent dans l’univers controversé de l’alimentation vegan. Mais au-delà même de la question des ingrédients et de leur provenance, une préoccupation majeure demeure : croquettes ou pâtée pour chat ?
Les premiers aliments en conserve destinés aux animaux domestiques font leur apparition aux États-Unis, durant les années 1920. Ces boîtes de pâtée s’imposent rapidement sur le marché américain, et traversent même les frontières, s’exportant jusqu’en Europe.
Cependant, la Seconde Guerre mondiale vient bousculer cette industrie naissante : en 1942, des restrictions sur l’utilisation du métal sont mises en place, mettant un frein à la production de conserves. Pour se conformer à ces nouvelles exigences tout en continuant à produire de la nourriture non périssable pour les animaux de compagnie, les industriels doivent adapter leur stratégie. Ils s’orientent alors vers la déshydratation alimentaire. En 1956, Purina commercialise les premières croquettes croustillantes, en reprenant le procédé d’extrusion des céréales de petit déjeuner. Comme nous allons le voir dans la première partie de cet article, cette innovation marque le début d’une nouvelle ère, propulsant les croquettes au premier rang de l’alimentation féline.
Les croquettes pour chat : le pilier de l’alimentation féline
Selon les chiffres de la FACCO, plus de 97% des chats domestiques français consomment aujourd’hui des croquettes, un succès qui s’explique par les nombreux avantages qu’offrent cette nourriture sèche.
En premier lieu, les croquettes sont des aliments complets, c’est-à-dire formulés pour répondre à l’ensemble des besoins de nos amis félins. Elles sont donc censées permettre un apport adéquat en protéines, vitamines, acides gras, et surtout en taurine, un acide aminé essentiel au bon fonctionnement du cœur et des yeux du chat. Néanmoins, il faut bien admettre que toutes les croquettes ne se valent pas, l’équilibre nutritionnel pouvant grandement varier d’une recette à l’autre. Mais en choisissant parmi les meilleures marques de croquettes pour chat, on peut tout de même s’assurer de donner une alimentation adaptée à son animal.
Les croquettes sont également appréciées pour leur praticité, aussi bien pour le stockage que la distribution. En effet, s’agissant d’un aliment déshydraté, la durée de conservation est relativement longue (plusieurs mois), y compris après ouverture du paquet (la durée de conservation recommandée passe cependant à un mois une fois le sachet ouvert). Et les croquettes ont l’avantage de garder leur saveur même lorsqu’elles sont servies depuis plusieurs heures ! Il est donc possible de les laisser en libre-service du matin jusqu’au soir (idéalement dans une gamelle anti-glouton pour chat). Gardez en tête que par nature, nos petits compagnons sont des “grignoteurs” qui font une quinzaine de petits repas par jour : leur nourriture va donc rester un long moment dans leur gamelle.
Dernier point, et non des moindres : l’alimentation à base de croquettes est une option relativement intéressante d’un point de vue économique. Elle propose un bon équilibre entre coût et valeur nutritionnelle, particulièrement lorsqu’on choisit des paquets de grande contenance ; une considération d’autant plus importante pour les foyers qui abritent plusieurs animaux !
Quels sont les avantages de la nourriture humide par rapport aux croquettes ?
Si les croquettes sont des aliments complets, relativement équilibrés, pratiques, et économiques… Pourquoi envisager la pâtée pour chat, dont le prix est plus élevé ?
Eh bien, tout d’abord parce qu’il s’agit d’une nourriture humide : sa teneur en eau d’environ 80% peut grandement contribuer à hydrater un chat qui refuse de boire, ou qui ne s’abreuve pas assez. A l’inverse, les croquettes ne renferment que 7 à 10 % d’eau, ce qui tend à favoriser le risque de déshydratation chronique. Idéalement, un chat devrait boire 2 à 4 mL d’eau pour chaque gramme de croquettes qu’il ingère. Ainsi, une consommation de 50 g de croquettes nécessite un apport hydrique supplémentaire de 100 à 200 mL. Dans les faits, il est peu probable que les chats boivent autant, car ce sont des animaux qui ressentent peu la sensation de soif. Il est donc fréquent que nos petits compagnons soient au moins légèrement déshydratés lorsqu’ils sont nourris uniquement avec des aliments secs.
De plus, on peut considérer qu’un régime alimentaire à base de croquettes contribue, au même titre que la stérilisation et la sédentarité, à l’épidémie de chats obèses. En effet, à quantité égale, les croquettes sont bien plus caloriques que la nourriture humide. Concrètement, un chat doit manger environ 3 fois moins de croquettes que de pâtée pour combler ses besoins énergétiques. En mangeant uniquement des croquettes, un animal est donc rassasié moins facilement, ce qui facilite les problèmes de surpoids (une des principales causes du diabète du chat). A l’inverse, nourrir un chat avec de la pâtée augmente le volume qu’occupe sa ration dans l’estomac, ce qui permet de réduire la sensation de faim et de limiter la prise de poids.
Enfin, les croquettes ont généralement une teneur élevée en amidon, d’une part parce que c’est un composant nécessaire au procédé d’extrusion, et d’autre part parce qu’il est présent en grande quantité dans les céréales et légumineuses, une source de protéines généralement utilisée à la place des produits carnés, bien plus coûteux. Or, on sait qu’une alimentation riche en amidon perturbe l’équilibre acido-basique de l’urine, ce qui favorise la formation de calculs rénaux. Alors certes, les aliments humides riches en céréales et/ou légumineuses peuvent eux aussi contenir beaucoup d’amidon, mais les meilleures pâtées pour chat s’en passent complètement, ce qui permet d’avoir une teneur en amidon proche de zéro.
La pâtée pour chat est-elle bonne ou mauvaise pour l’hygiène dentaire ?
En milieu naturel, les prédateurs carnivores doivent dépecer leur proie pour se nourrir. En déchiquetant la peau, les plumes, les poils, les tendons et les os, ils exercent par la même occasion un brossage mécanique de la surface dentaire, ce qui contribue à leur hygiène buccale. De plus, une activité masticatoire importante entraîne une augmentation de la sécrétion salivaire, aidant ainsi au rinçage de la bouche.
En mangeant des croquettes – qui sont relativement dures et croquantes – nos chats domestiques sont amenés à reproduire cette mastication qui stimule la production de salive et exerce une action de raclage des dents.
La pâtée pour chat a quant à elle une texture molle et collante ; il n’y a donc pas besoin de mâcher pour pouvoir l’ingurgiter. Un félin nourri exclusivement avec ce type d’aliment pourrait ainsi être privé d’un élément clé pour le maintien de sa santé bucco-dentaire. Je dis bien « pourrait », car les études qui se sont intéressées au lien entre régime alimentaire et santé bucco-dentaire des animaux de compagnie sont non seulement assez anciennes, mais elles ont aussi été menées principalement sur des chiens.
Chez nos amis canins, les travaux de recherche montrent qu’une alimentation de type pâtée favorise l’accumulation de plaque dentaire (dépôt mou formé par un mélange de résidus d’aliments et de bactéries) et de tartre, comparé à de la nourriture dure et fibreuse qui nécessite une activité masticatoire. Même si la littérature scientifique fait défaut chez le chat, on peut raisonnablement extrapoler les données obtenues chez le chien et supposer qu’un aliment nécessitant une mastication soutenue (comme des croquettes suffisamment grosses pour ne pas être gobées) contribue à prévenir les affections bucco-dentaires, contrairement à la pâtée pour chat.
Croquettes ou pâtée pour chat : que conseillent les vétérinaires ?
Pendant longtemps, les croquettes pour chats ont été recommandées et privilégiées, au détriment de la pâtée. On jugeait cette dernière – à tort ou à raison – moins sûre au niveau hygiénique, moins intéressante sur le plan nutritionnel, et moins bonne pour l’hygiène dentaire.
Aujourd’hui, on sait que les croquettes peuvent poser problème, notamment à cause de leur nature hypercalorique, leur forte teneur en amidon et leur faible taux d’humidité. C’est pourquoi les vétérinaires nutritionnistes ont maintenant tendance à conseiller la bi-nutrition, c’est-à-dire un mélange entre les croquettes et la pâtée pour chat.
Outre l’aspect pratique, laisser des croquettes en libre-service permet à l’animal de satisfaire son comportement de grignoteur, et d’entretenir son hygiène dentaire. Et en intégrant des aliments humides dans les repas de son félin adoré, on augmente ses apports en eau et le volume de la ration, tout en diminuant l’apport énergétique. On limite ainsi les risques de surpoids, mais aussi d’apparition de cystites, de formation de cristaux ou de calculs. La bi-nutrition permet en somme d’avoir accès au meilleur des deux mondes !